Son regard parcourt la pièce. Elle se laisse tomber sur le banc et regarde Vincento. Il lui fait un signe affirmatif. Elle a bien compris. Ils sont dans l'atelier d'un peintre. Elle s'entend échapper un petit rire. C'était donc ici le lieu sacré de Marco Boccelli. Elle peut presque sentir les effluves de l'huile. Des toiles sont appuyées sur le mur, d'autres sont perchées sur des chevalets. Elle ne peut dire combien il y en a, mais elles sont toutes aussi magnifiques les unes que les autres. On y retrouve une jeune femme qui y est représentée sur plusieurs d'entre elles. Son teint est d'or et ses cheveux si noirs que l'on peut y apercevoir de légers reflets bleus. Elle plonge son regard dans celui de cette muse et est stupéfaite par le réalisme de ce que ses yeux expriment. Son regard est si mélancolique. Jeanne marche de long en large et examine une à une les toiles. À mesure qu'elle avance, le personnage se transforme et prend de l'assurance. Elle est fascinée par la délicatesse et la beauté émanant de ces oeuvres. Les autres tableaux prennent une autre dimension, celle-ci beaucoup plus sombre. Jeanne pivote sur elle-même.
- C'est magnifique...dit-elle tout bas.
Vincento ferme les yeux.
- Oui, c'était une époque remarquable.
- Qu'est devenue cette jeune femme? Elle habite au village?
- Autrefois, oui mais je ne l'ai pas revue...Elle s'appelait Maeva. Ton père et elle se sont rencontrés il y a vingt deux ans dans un petit café où elle donnait des spectacles de musique. Elle était charmante et chantait divinement. Son père gérait sa carrière, elle ne gagnait rien car il lui prenait tout. En fait, c'était un homme plutôt difficile et avare. Il n'appréciait pas du tout l'amitié qu'il voyait se tisser tranquillement entre ton père et sa fille. Cela le déboussolait à un tel point qu'il l'a empêché de continuer à chanter.
- C'est si triste...Qu'est-il arrivé ensuite?
- Maeva était plutôt téméraire, elle s'enfuyait souvent, retrouvait ton père et c'est à ce moment que Marco s'est mis à peindre, la prenant comme sujet.
- C'est du beau travail qu'il a accompli.
- Ce n'était pas du travail pour lui, Jeanne. C'est ce qu'on appelle la passion, il adorait ce qu'il faisait. Cela a duré deux ans et ensuite tout a éclaté lorsque la nouvelle a retentit au village, jusqu'aux oreilles de Théobald...
- C'était une mauvaise nouvelle? questionne Jeanne.
Vincento ne répond pas, il se croise plutôt les bras et ses yeux survole la pièce. Jeanne suit son regard et elle aperçoit une toile qui se fait discrète au fond de la pièce. Maeva apparait dans la lumière qui faiblit doucement. Son visage est penché et elle esquisse un léger sourire. Au creux de ses bras, un petit être est lové entre ses bras. À cet instant, tout se confond. La vérité lui aparait sans équivoque.
- C'est moi...
- Jeanne, tes parents s'aimaient si fort. Mais la colère d'un homme a mis un terme à cette histoire. Le père de Maeva menaçait souvent Marco. À la fin, ils étaient si térrorisés qu'ils venaient se cacher ici et ne sortaient qu'à la nuit tombée. Ta mère avait si peur de retourner chez elle et lorsqu'elle t'a eue, elle a voulu se sauver avec toi et ton père en Italie. Malheureusement, le plan a échoué car Théobald vous attendaient au Port. Maeva a tout tenté pour le raisonner mais sa colère était terrible. Il a ramené ta mère et toi de force chez lui. Marco était si désemparé. Une nuit, nous étions ici et un grattement nous a alertés lorsque nous discutions de la situation. Maeva était venue te porter, enveloppée dans une couverture avec à tes côtés une missive disant à ton père de partir avec toi et qu'elle viendrait le plus tôt possible vous rejoindre en Italie. Elle faisait cela pour qu'il ne t'arrive rien car même si tu étais inoffensive et si petite, son père n'acceptait pas ta venue et te prenait pour une malédiction. Il avait juré que dès le lendemain il t'apporterait à l'orphelinat et que plus jamais on ne reparlerait de cette histoire dans sa maison. C'est pour te dire à quel point, cet homme était malheureux! Vous êtes partis, ton père et toi, le lendemain matin avant que le soleil ne se lève. Je suis allé vous porter au Port, d'ailleurs j'ai même pris une photo de cette journée...
Jeanne se rappelle soudain la photographie de son père le montrant sur le paquebot. Elle comprend maintenant pourquoi il avait l'air si triste.
- Ensuite, tu devines la suite... Marco s'est occuppé de toi. Il t'aimait beaucoup. Tu étais sa joie. Mais une ombre assombrissait son bonheur; Maeva n'arrivait toujours pas. Il a attendu ainsi quelques mois mais n'en pouvant plus, il t'a confié à une femme, le temps qu'il reparte à sa recherche.
Jeanne sait maintenant qu'il fait allusion à sa mère... enfin cette femme d'une bonté extrême qui a incarné ce role sans faille toutes ces années. Elle vient de réaliser soudainement le parcours difficile de son père, ses absences si fréquentes.
- Où est ma mère maintenant?
-Personne ne le sais Jeanne. Elle a disparue. Nous l'avons recherché longtemps. Théobald en est si rancunier, voilà pourquoi maintenant il te cherche, toi... Il se dit que tout est de ta faute.
Jeanne se remémore la lettre de son père; "Si tu lis cette lettre, c'est que j'aurai bel et bien échoué". Elle comprend enfin le sens de ces mots et ce qu'elle doit faire dorénavant.
- Je la retrouverai pour toi papa...
- C'est magnifique...dit-elle tout bas.
Vincento ferme les yeux.
- Oui, c'était une époque remarquable.
- Qu'est devenue cette jeune femme? Elle habite au village?
- Autrefois, oui mais je ne l'ai pas revue...Elle s'appelait Maeva. Ton père et elle se sont rencontrés il y a vingt deux ans dans un petit café où elle donnait des spectacles de musique. Elle était charmante et chantait divinement. Son père gérait sa carrière, elle ne gagnait rien car il lui prenait tout. En fait, c'était un homme plutôt difficile et avare. Il n'appréciait pas du tout l'amitié qu'il voyait se tisser tranquillement entre ton père et sa fille. Cela le déboussolait à un tel point qu'il l'a empêché de continuer à chanter.
- C'est si triste...Qu'est-il arrivé ensuite?
- Maeva était plutôt téméraire, elle s'enfuyait souvent, retrouvait ton père et c'est à ce moment que Marco s'est mis à peindre, la prenant comme sujet.
- C'est du beau travail qu'il a accompli.
- Ce n'était pas du travail pour lui, Jeanne. C'est ce qu'on appelle la passion, il adorait ce qu'il faisait. Cela a duré deux ans et ensuite tout a éclaté lorsque la nouvelle a retentit au village, jusqu'aux oreilles de Théobald...
- C'était une mauvaise nouvelle? questionne Jeanne.
Vincento ne répond pas, il se croise plutôt les bras et ses yeux survole la pièce. Jeanne suit son regard et elle aperçoit une toile qui se fait discrète au fond de la pièce. Maeva apparait dans la lumière qui faiblit doucement. Son visage est penché et elle esquisse un léger sourire. Au creux de ses bras, un petit être est lové entre ses bras. À cet instant, tout se confond. La vérité lui aparait sans équivoque.
- C'est moi...
- Jeanne, tes parents s'aimaient si fort. Mais la colère d'un homme a mis un terme à cette histoire. Le père de Maeva menaçait souvent Marco. À la fin, ils étaient si térrorisés qu'ils venaient se cacher ici et ne sortaient qu'à la nuit tombée. Ta mère avait si peur de retourner chez elle et lorsqu'elle t'a eue, elle a voulu se sauver avec toi et ton père en Italie. Malheureusement, le plan a échoué car Théobald vous attendaient au Port. Maeva a tout tenté pour le raisonner mais sa colère était terrible. Il a ramené ta mère et toi de force chez lui. Marco était si désemparé. Une nuit, nous étions ici et un grattement nous a alertés lorsque nous discutions de la situation. Maeva était venue te porter, enveloppée dans une couverture avec à tes côtés une missive disant à ton père de partir avec toi et qu'elle viendrait le plus tôt possible vous rejoindre en Italie. Elle faisait cela pour qu'il ne t'arrive rien car même si tu étais inoffensive et si petite, son père n'acceptait pas ta venue et te prenait pour une malédiction. Il avait juré que dès le lendemain il t'apporterait à l'orphelinat et que plus jamais on ne reparlerait de cette histoire dans sa maison. C'est pour te dire à quel point, cet homme était malheureux! Vous êtes partis, ton père et toi, le lendemain matin avant que le soleil ne se lève. Je suis allé vous porter au Port, d'ailleurs j'ai même pris une photo de cette journée...
Jeanne se rappelle soudain la photographie de son père le montrant sur le paquebot. Elle comprend maintenant pourquoi il avait l'air si triste.
- Ensuite, tu devines la suite... Marco s'est occuppé de toi. Il t'aimait beaucoup. Tu étais sa joie. Mais une ombre assombrissait son bonheur; Maeva n'arrivait toujours pas. Il a attendu ainsi quelques mois mais n'en pouvant plus, il t'a confié à une femme, le temps qu'il reparte à sa recherche.
Jeanne sait maintenant qu'il fait allusion à sa mère... enfin cette femme d'une bonté extrême qui a incarné ce role sans faille toutes ces années. Elle vient de réaliser soudainement le parcours difficile de son père, ses absences si fréquentes.
- Où est ma mère maintenant?
-Personne ne le sais Jeanne. Elle a disparue. Nous l'avons recherché longtemps. Théobald en est si rancunier, voilà pourquoi maintenant il te cherche, toi... Il se dit que tout est de ta faute.
Jeanne se remémore la lettre de son père; "Si tu lis cette lettre, c'est que j'aurai bel et bien échoué". Elle comprend enfin le sens de ces mots et ce qu'elle doit faire dorénavant.
- Je la retrouverai pour toi papa...
1 commentaire:
incroyable!
Publier un commentaire