Elle effleure le bureau de son père de ses doigts. La poussière accumulée se détache, laissant un sillon sur le bois vernis. Jeanne soupire et se laisse tomber sur la chaise de Marco. Le temps a passé si vite depuis son arrivée. Elle a l'impression d'en savoir un peu plus chaque jour sur l'histoire d'un inconnu. Elle relit sans cesse la lettre de son père, essayant de détecter un petit détail qui lui aurait échappé. Il lui a écrit:
" Si tu lis cette lettre, c'est que j'aurai bel et bien échoué"
Mais échoué quoi papa? Ta vie? Pourquoi m'as-tu quitté? Elle fait tournoyer un crayon entre ses doigts, comme si cela allait l'aider à réfléchir.
La chaise tourne sur elle-même et Jeanne se retrouve face à la bibliothèque. De vieux livres défraichis sont posés sur les étagères. Elle y aperçoit des albums jaunis par le temps. Sa main en attrappe un au hazard. Ce sont des photographies de classe. À l'avant plan, on y voit les garçons en salopettes agenouillés sur le plancher, tenant leurs dessins et derrières eux, les fillettes sont debout tenant fièrement un joli bouquet. Son père est au centre entourant deux élèves de ses bras. L'autre image les montre dans l'arrière cour entrain de planter des fleurs. Elle sourit lorsqu'elle découvre le regard espiègle du petit Esteban. Son père fait une grimace qui fait rire les enfants. Ses cheveux sont tout ébouriffés, sa chemise est tachée. De terre? Elle ne peut le dire. Il a l'air si heureux. Elle parcourt fébrilement les pages. La dernière photographie montre le port. Le navire est accosté, attendant les passagers. Sur la passerelle, Marco salue un autre homme. Elle plisse les yeux et s'aperçoit avec surprise que ce n'est nul autre que Vincento! Elle regarde plus attentivement. Quelque chose cloche dans cette photo. C'est un grand jour, son père retourne dans son pays retrouver sa famille. Pourtant, son regard démontre une grande lassitude et une telle tristesse que Jeanne referme le livre en un claquement sec, ne pouvant plus supporter cette vision une seconde de plus. Elle se ravise et attrappe la photo de son père avec sa chemise tachée et ses cheveux au vent. Cette image le définit plus que tout. Son sourire, voilà ce qu'elle veut garder en mémoire. Elle sort de la pièce, bien décidée à connaître la vérité.
******
La colère monte en lui. Son poing fracasse la table.
- Je veux que cette femme parte, elle n'a pas sa place ici. C'est une malédiction! Qu'ai-je fais au bon Dieu pour l'amour du ciel?
- Calme toi Théobald. Anita tremble devant la colère grandissante de son mari.
- Pourquoi venir ressasser le passé? Cela ne sert à rien, hurle le vieil homme. Une veine apparait sur son front. Son corps se cambre, il empoigne la table et la renverse violemment. Le verre éclate et le thé bouillant se déverse sur la femme qui hurle de douleur.
- Théo, arrête, je t'en prie. Elle se réfugie dans un coin et éclate en sanglots. Elle est mieux de se taire. La situation ne ferait que dégénérer. Elle entend les pas de son mari monter les marches.
- Théobald? Que fais-tu? Non Théo, non reste ici...
La porte s'ouvre et s'abat sur le mur, laissant entrer le vent glacial.
- Je vais lui dire ma façon de penser à cette malvenue. Son père nous a causé assez de mal comme cela...et si il le faut sa fille disparaitra comme lui.
- Non Théo...ressaisis-toi. Ce n'est pas possible. Elle échappe de lourds sanglots. Son mari disparait au moment où la flamme de la lampe s'éteint, la plongeant dans le noir. Paralysée, elle sent le vent s'engouffrer et envelopper son corps. D'une froideur si poignante. Elle voudrait que le froid l'endorme mais ses souvenirs la ramènent inexorablement vingt années plus tôt. Elle penche la tête, s'agenouille pour prier. Mais sa prière a t-elle déjà été entendue? Qu'a t-elle fait au bon Dieu?
" Si tu lis cette lettre, c'est que j'aurai bel et bien échoué"
Mais échoué quoi papa? Ta vie? Pourquoi m'as-tu quitté? Elle fait tournoyer un crayon entre ses doigts, comme si cela allait l'aider à réfléchir.
La chaise tourne sur elle-même et Jeanne se retrouve face à la bibliothèque. De vieux livres défraichis sont posés sur les étagères. Elle y aperçoit des albums jaunis par le temps. Sa main en attrappe un au hazard. Ce sont des photographies de classe. À l'avant plan, on y voit les garçons en salopettes agenouillés sur le plancher, tenant leurs dessins et derrières eux, les fillettes sont debout tenant fièrement un joli bouquet. Son père est au centre entourant deux élèves de ses bras. L'autre image les montre dans l'arrière cour entrain de planter des fleurs. Elle sourit lorsqu'elle découvre le regard espiègle du petit Esteban. Son père fait une grimace qui fait rire les enfants. Ses cheveux sont tout ébouriffés, sa chemise est tachée. De terre? Elle ne peut le dire. Il a l'air si heureux. Elle parcourt fébrilement les pages. La dernière photographie montre le port. Le navire est accosté, attendant les passagers. Sur la passerelle, Marco salue un autre homme. Elle plisse les yeux et s'aperçoit avec surprise que ce n'est nul autre que Vincento! Elle regarde plus attentivement. Quelque chose cloche dans cette photo. C'est un grand jour, son père retourne dans son pays retrouver sa famille. Pourtant, son regard démontre une grande lassitude et une telle tristesse que Jeanne referme le livre en un claquement sec, ne pouvant plus supporter cette vision une seconde de plus. Elle se ravise et attrappe la photo de son père avec sa chemise tachée et ses cheveux au vent. Cette image le définit plus que tout. Son sourire, voilà ce qu'elle veut garder en mémoire. Elle sort de la pièce, bien décidée à connaître la vérité.
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La colère monte en lui. Son poing fracasse la table.
- Je veux que cette femme parte, elle n'a pas sa place ici. C'est une malédiction! Qu'ai-je fais au bon Dieu pour l'amour du ciel?
- Calme toi Théobald. Anita tremble devant la colère grandissante de son mari.
- Pourquoi venir ressasser le passé? Cela ne sert à rien, hurle le vieil homme. Une veine apparait sur son front. Son corps se cambre, il empoigne la table et la renverse violemment. Le verre éclate et le thé bouillant se déverse sur la femme qui hurle de douleur.
- Théo, arrête, je t'en prie. Elle se réfugie dans un coin et éclate en sanglots. Elle est mieux de se taire. La situation ne ferait que dégénérer. Elle entend les pas de son mari monter les marches.
- Théobald? Que fais-tu? Non Théo, non reste ici...
La porte s'ouvre et s'abat sur le mur, laissant entrer le vent glacial.
- Je vais lui dire ma façon de penser à cette malvenue. Son père nous a causé assez de mal comme cela...et si il le faut sa fille disparaitra comme lui.
- Non Théo...ressaisis-toi. Ce n'est pas possible. Elle échappe de lourds sanglots. Son mari disparait au moment où la flamme de la lampe s'éteint, la plongeant dans le noir. Paralysée, elle sent le vent s'engouffrer et envelopper son corps. D'une froideur si poignante. Elle voudrait que le froid l'endorme mais ses souvenirs la ramènent inexorablement vingt années plus tôt. Elle penche la tête, s'agenouille pour prier. Mais sa prière a t-elle déjà été entendue? Qu'a t-elle fait au bon Dieu?
2 commentaires:
hahaha
AH!! Andza! que c'est bon de te lire!! j'en veut encore encore :) j'ai hate de connaitre la suite
Arrange toi pour que ça soit violent! Ma tante m'a dit que c'était correct la violence gratuite dans les livres.
Anonymous Binette
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